Organisation de la prise en charge et accès à la recherche clinique
Les patientes atteintes d'un cancer de l'ovaire doivent bénéficier d'une prise en charge particulière.
La prise en charge de cette maladie fait en effet intervenir de multiples spécialistes. Leurs interventions doivent donc être coordonnées pour être efficaces.
Le début de la prise en charge doit évaluer l'état général des patientes et l'extension de la maladie dans l'abdomen.
Les cancers de l'ovaire entraînent très souvent une altération de l'état général, avec une dénutrition, des troubles du transit et de l'alimentation. De plus cette maladie survient fréquemment chez des femmes âgées. Il est donc primordial de vérifier que les traitements (chirurgie importante et chimiothérapie) peuvent être tolérés.
L'examen clinique et des données biologiques simples comme l'albuminémie ou le taux d'hémoglobine donnent des informations importantes. Une renutrition doit être systématiquement envisagée si une intervention chirurgicale importante est programmée. Pour les cas plus complexes, le recours à des spécialistes de la renutrition est nécessaire. Les femmes âgées doivent bénéficier d'une consultation d'onco-gériatrie qui évaluera la faisabilité des traitements.
L'extension de la maladie est appréciée par des tests biologiques comme le taux des marqueurs (CA 125) et surtout par l'imagerie. Le scanner du thorax, de l'abdomen et du pelvis est l'examen de référence. Il permet de répertorier les zones atteintes, de rechercher les atteintes incompatibles avec la chirurgie, ou les associations d'atteintes rendant une ablation complète de la maladie illusoire.
Le scanner doit être fait et interprété par des radiologues entrainés à la prise en charge des cancers de l'ovaire. Les images doivent être vues avec des chirurgiens et des oncologues médicaux également entraînés au traitement de cette maladie. Il est capital que chaque cas soit discuté par ces différents spécialistes avant tout traitement, afin de décider de la séquence la plus adaptée à la patiente (chirurgie puis chimiothérapie ou l'inverse).
Une cœlioscopie peut compléter ce bilan. Elle permet d'évaluer précisément la gravité de l'atteinte abdominale et prédit la possibilité de faire l'exérèse complète de la maladie par une intervention chirurgicale. Elle permet également de faire des biopsies qui vont affirmer le diagnostic de cancer de l'ovaire et son type histologique. Il est en effet important de faire la différence avec les métastases ovariennes d'un autre cancer (sein, colon, etc.), ou un cancer ovarien d'histologie rare qui nécessitent des traitements différents. Ces biopsies sont également utiles pour faire une caractérisation biologique de la tumeur (recherche de mutation des gênes BRCA dans la tumeur, recherche d’une instabilité des loci microsatellites, etc.).
Une deuxième réunion, réunit à nouveau les radiologues, chirurgiens, oncologues médicaux et pathologistes pour définir la meilleure prise en charge possible, en tenant compte de l'état général de la malade, du type histologique et de l'extirpabilité de la maladie.
Si une intervention est décidée, elle doit être réalisée rapidement après un bilan d'anesthésiologie et une renutrition. Un séjour en unité de soins intensifs ou en réanimation chirurgicale est nécessaire pendant les premiers jours. Ces opérations sont en effet longues (4 à 8 heures), comportent de multiples gestes et très souvent des résections d'intestin.
Inversement si le traitement débute par une chimiothérapie celle-ci doit débuter rapidement. Dans ce cas de figure, une intervention est à effectuer après trois ou quatre séances de chimiothérapie. Il faut donc d'emblée programmer le bilan clinique, biologique et radiologique qui sera fait à la fin de cette chimiothérapie ; ainsi que la date opératoire de la « chirurgie d'intervalle ». Une nouvelle discussion du dossier de la malade doit avoir lieu afin de vérifier la réponse à la chimiothérapie et l'opérabilité. Dans le cas contraire, les délais peuvent être préjudiciables.
Le suivi des patientes, le dépistage et la prise en charge des éventuelles rechutes ont globalement une organisation similaire.
D'autres spécialistes participent également au traitement des patientes : psychothérapeutes, psychiatres, généticiens, médecins de soins de support, etc. Leur intervention doit être pensée dans ce circuit complexe.
L'accès à la recherche clinique est également primordial.
La réalisation de « protocoles » de recherche clinique (ou essais thérapeutiques) est fondamentale. Elle permet de faire progresser les traitements en les rendant plus efficaces ou moins toxiques à efficacité équivalente. Ceci est vrai pour les médicaments, comme pour les interventions chirurgicales.
La recherche clinique bénéficie aux malades de demain, mais aussi aux malades d'aujourd'hui. On a en effet montré que les services qui font de la recherche clinique ont de meilleurs résultats que les autres et que les malades qui participent à ces protocoles ont un meilleur pronostic. Enfin ces essais permettent l'accès à de nouvelles molécules généralement porteuses d'espoir.
La médecine personnalisée, qui vise à adapter le traitement aux caractéristiques biologiques de la tumeur ne pourra se développer que par la réalisation de protocoles étudiant l'efficacité d'un médicament en fonction de données biologiques. Nous sommes au début de cette nouvelle approche, qui aura besoin de multiples essais avant d'être utilisée en routine.
Les structures qui traitent les femmes atteintes d'un cancer de l'ovaire doivent donc être spécialisées, entraînées et offrir un accès à la recherche clinique.